Pettigrew, homme de contradictions
Nicolas Binette
Mardi le 10 avril 2001
Alors que la semaine passée, ce même Pierre Pettigrew déclarait qu'en vertu du fait que « tous les accords commerciaux se ressemblent », il était vain de la part des groupes de pression de réclamer plus de transparence dans le processus de négociation de la Zone de libre-échange des Amériques, voilà qu'il nous informe: « Il y a beaucoup de méfiance à travers la société civile, parce qu'on ne connaît pas les textes. Nous nous rendrions service si nous les rendions publics parce que les gens pourraient constater que ce sont des textes très respectueux. » Respectueux de quoi, Monseigneur Pettigrew? Je vous le demande.
Quand on a le support des média, c'est aussi simple que ça de mettre l'opinion publique de votre bord. « S'il est prêt à les publier, tirera celle-ci d'un ton éloquent, ça doit pas être si pire! »
Ça fait des mois qu'on demande ces textes, et voilà qu'à deux semaines du sommet, on annonce que peut-être, ça peut bien. Mais attention! n'allez pas croire que nous pourrons enfin savoir de quoi il s'agit réellement! Car nos ministres pensaient plutôt à nous simplifier l'opinion publique en ne publiant qu'« une partie ou un résumé des documents communs de négociations que plusieurs groupes réclament tant ». Sauf, petite précision syntaxique, ce qu'on demandait, c'était les documents en question, pas "une partie" ou un "résumé".
Bordel. On va encore se faire fourrer d'aplomb.
Ces propos de Monsieur Pettigrew ont été recueillis lors d'une déclaration fait à Buenos Aires le 6 avril 2001, où 34 représentants d'États américains étaient allés discuter des préparatifs pour le Sommet qui aura lieu à Québec. Les citations sont tirées de La Presse et du Soleil de Québec du 7 avril.
Background
Le 10 mars 2001, l'Honorable Ministre du Commerce international du Canada, Pierre Pettigrew, recevait une pétition signée de plus de 19000 mains réclamant la publication du texte des négociations de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). L'Honorable ne donna pas de réponse. Le 2 avril, quelques 87 manifestant pénétrèrent dans l'édifice Sussex pour tenter de s'emparer du texte. Ce geste symbolisant le désir citoyen d'une plus grande transparence de la part des négociateurs se conclut par l'arrestation des manifestants.